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FLAGRANT DÉLIT DE LANGUE DE BOIS...[]

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LES GROS MOTS DE L'INCINÉRATION.

Dimanche 2 Novembre 2014, Ïle de la Réunion: Cécile Anton, chef de projet au Syndicat mixte de traitement de déchets (SMTD), trace les contours de l’outil-multi-filières retenu pour le traitement et la valorisation des déchets des communes de la Civis, la CASud, et du TCO.

INDIGNADOS974 vous aide à décoder la langue de bois technocratique.




LE DICTIONNAIRE SUR LES DÉCHETS, garanti sans greenwashing[]

Les gros mots...

Publié par le CNIID  (Centre National d'information indépendante sur les déchets)

Nous en publions ici quelques extraits utiles à la compréhension du contexte sur notre île. La version compléte peut être consultéeici.



Pourquoi ne parle-t-on plus de «décharge» mais de «centre d’en-fouissement technique», d’«incinérateur» mais de «centre de valorisa-tion énergétique»? Comment est-on arrivé à affubler le mot emballagedu préfixe éco-ou le mot plastique du préfixe bio-? Que cache la com-plexité de ces termes? La gestion de nos déchets serait-elle en un tour demain devenue écologique, respectueuse de la planète et de ses habitants? En réalité, le petit monde des déchets et ses communicants souffrent d’une maladie de plus en plus répandue: le greenwashing. C’est grave Docteur? Quels en sont les symptômes?

C’est assez simple en fait. Au départ, vous avez une pratique peu reluisante (comme la mise en décharge de déchets organiques par exemple).Le greenwashing va agir, via les conseils de spécialistes en communication, comme un lavage (washing) vert (green), pour trouver des justifications écologiques à une pratique qui ne l’est pas. Progressivement, de nombreux mots liés au vocabulaire des déchets ont donc été détournés et galvaudés par les industriels et les pouvoirs publics. Ajoutez à cela un vocabulaire de plus en plus technique et des thématiques sans cesse nouvelles, vous obtiendrez un cocktail détonnant d’incompréhension, d’ambiguïté et de confusion propre à perdre tous ceux qui tenteraient de comprendre quelque chose aux déchets.

Mais comment faire pour s’y retrouver en tant que citoyen? Pas de panique, le Cniid vous propose aujourd’hui un remède contre les effetsdéformants de cette fièvre technocrate et verdissante: notre nouveau dictionnaire garanti sans greenwashing. Les définitions de ces 30 mots ou expressions passés au crible ont été conçues pour vous apporter unautre éclairage sur ces «gros mots» des déchets, vous révéler non seulement leur sens réel, mais également vous faire connaître les enjeux souvent cachés et parfois peu avouables qui s’y rapportent.


BIODÉGRADABLE:[]

Se dit d’une matière pouvant se décomposer sous l’action de micro-organismes (bactéries, champignons, algues) et des éléments naturels (eau, chaleur et lumière du soleil). Lecompostage est un exemple bien connu debiodégradation, dans lequel sont réunies les conditions nécessaires à une accélération du processus naturel.

Malheureusement, l’adjectif«biodégradable» est sans cesse détourné de sa définition initiale. Les vieilles recettes restent ainsi les meilleures: rien de tel qu’un terme désignant un processus naturel pour vendre un produit ou un procédé industriel (dégradation polluante des matières organiques dans une décharge*par exemple).Les sacs plastiques dits «biodégradables», les fameux bioplastiques, produits à partir de matières naturelles se dégraderont peut-être in fine. Mais ils auront avant fait de nombreuses victimes (faune marine étouffée par des microfragments de plastique), libéré des substances chimiques toxiques dans l’environnement, consommé des ressources naturelles en quantité et pollué des nappes et des cours d’eau...

Ainsi, un produit qui a été transformé par le biais d’un processus industriel, s’il peut, sous certaines conditions, se dégrader, n’est pas pour autant assimilable totalement par le milieu. Tous ses composants, et notamment les additifs accélérant la dégradation des plastiques, ne sont pas nécessairement biodégradables. Le critère de biodégradabilité n’est donc pas une condition suffisante pour qualifier d’écologique un matériau ou un produit.

Dans la nature, il existe un lien étroit entre la durée de vie d’un organis-me vivant, végétal ou animal, et le temps nécessaire à sa complète biodégradation : une feuille, qui ne vit que quelques mois, sera biodégradée très rapidement. Dans le cas des produits jetables, cette corrélation entre durée d’utilisation et durée de dégradation est complètement rompue : un sac plastique utilisé quelques minutes mettra des centaines d’années avant d’être assimilé par le milieu dans lequel il a été abandonné. Alors, la fabrication de produits jetables, qu’ils soient biodégradables ou non, doit être remise en cause.


LE COMPOST[]

Le compost est issu d’un procédé biologiquede transformation des déchets organiques ou biodéchets (les déchets verts de jardin, de cuisine, etc.) en présence d’oxygène. Le processus comprend une phase de dégradation, sous l’action de bactéries puis de champignons, et une phase de maturation qui transforme la matière organique décomposée en compost mûr, un produit organique relativement stable et riche en humus. Plusieurs conditions doivent être réunies pour que le procédé se déroule correctement, notamment une aération adaptée et un bon équilibre entre les différents types de déchets (matières carbonées et azotées).

Le compost est un fertilisant naturel: il contient azote, phosphore,potasse, calcium, magnésium, et autres oligoéléments... et tout cela sans recours à la pétrochimie. Au-delà de ses qualités nutritives, le compost, en tant qu’amendement naturel, améliore aussi la structure des sols: il retient l’eau et favorise la présence d’êtres vivants et de micro-organismes indispensables à l’aération et l’assainissement de la terre.

Processus naturel contrôlé par l’homme pour le rendre plus rapide, le compostage ne se réduit pas à une seule technique. Il peut être réalisé tant à l’échelle individuelle que collective (composteurs collectifs, plate-formes de compostage) et en milieu rural comme en ville (compost en pied d’immeuble, lombricompostage). En France, la qualification de«compost» est soumise au respect d’une norme*(NFU 44-051), mais les valeurs limites en polluants retenues ne font pas l’unanimité. On tolère par exemple la présence de 750g de plastique*pour 1 mètre cube de compost produit...

Il faut rester vigilant, car le terme de compost peut être utilisé abusivement pour qualifier des résidus d’ordures ménagères brutes, issus de procédés industriels tels que le tri mécano-biologique (TMB) qui rendent hasardeuse l’obtention d’un produit de bonne qualité, en autorisant la présence d’éléments indésirables (verre, plastiques, métaux lourds, etc.). En effet, le compost issu de TMB (et donc de nos «poubelles de tous les jours») peut être utilisé en agriculture s’il répond aux exigences de la norme. Lorsqu’on sait qu’aujourd’hui encore une pile sur trois est jetée aux ordures (avec son lot de plomb, cadmium, mercure,nickel, etc.), souhaitons-nous réellement faire de l’engrais à partir de nos poubelles non triées?

Un compost de bonne qualité sera donc logiquement obtenu à partir de déchets organiques collectés à la source, qui n’ont pas été mélangés et pollués par d’autres types de déchets. Et composter ses déchets organiques, qui ont la caractéristique d’être très humides, c’est aussi réduire De 30% au moins le poids de la poubelle qui part en incinérateur ou en décharge.


LA CONVENTION DE BÂLE[]

Capture-7

Signée le 22 mars 1989 et entrée en vigueur le 5 mai 1992, la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination rassemble 176 pays reconnaissant les risques sanitaires et environnementaux causés par ces mouvements et la nécessité de mieux les encadrer. Elle visait en particulier à minimiser la produc-tion de déchets et à favoriser les traitements de proximité. Il n’est cependant pas question, en 1989, d’interdire les mouvements de déchets dangereux, ce que déplorent plusieurs ONG environnementales et certains pays africains considérant que la Convention tend à légitimer plutôt qu’à limiter les exports massifs de déchets dangereux vers les pays du Sud.

Ce mouvement aboutit, en 1994, au vote par les parties de la Convention d’une décision, suivie en 1995 d’un amendement interdisant tout mouvement transfrontalier de déchets dangereux de pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) versdes pays hors OCDE. La valeur juridique de cet amendement, ratifié à cejour par 70 États signataires de la Convention, dont la France, fait encore débat. Mais l’interdiction s’applique dans tous les cas aux États membres de l’Union européenne. Cette dernière a en effet adopté un règlement (n° 259/93 CE) qui leur interdit d’exporter leurs déchets (dangereuxou non) pour les faire éliminer dans un pays extérieur à l’UE ou à l’AELE (Association européenne de libre échange) faisant partie de la Conventionde Bâle. Ce même règlement interdit également l’export de déchets dangereux pour valorisation, des États membres vers des pays hors OCDE.

Malgré les principes posés par la Convention de Bâle, les exports de déchets dangereux vers les pays du Sud restent un problème actuel et grave, dont les pratiques concernant les deee (déchets d'équipements électriques et électroniques) sont l’exemple emblématique. Une façon de contourner la Convention de Bâle consiste par exemple à changer le statut des «déchets» non exportables en «produits» exportables. L’export de matériel hors d’usage vers les pays du Sud tend ainsi à se faire illégalement sous couvert de recyclage, de revente de «matériel d’occasion», voire sous forme de «dons humanitaires», une pratique dénoncée par de nombreuses associations de terrain qui mettent en garde contre cette fausse solidarité numérique.

Les lois internationales souffrant cruellement de moyens de contrôle et d’un manque de dispositifs de sanction des contrevenants, il est àcraindre que ces pratiques perdurent encore longtemps.


DÉCHARGE[]

Une décharge est une installation couvrant une grande superficie (souvent plusieurs hectares) où sont enfouis différents types de déchets en mélange, dans des conditions techniques plus ou moins réglementées. En France, il existe trois types de décharges vers lesquelles sont orientés les déchets en fonction de leurcaractère «dangereux», «non dangereux»ou «inerte».

Les décharges de déchets dits «non dangereux», qui accueillent les ordures ménagères, ont progressivement été re-baptisées «centre d’enfouissement technique» ou «centre de stockage de déchets», parce que le vocabulaire technique est toujours du plus bel effet et réussit souvent, à l’instar du préfixe bio-, la prouesse de faire disparaître dans l’inconscient collectif toute image négative. Toutes ces installations fonctionnent pourtant sur le même principe et comportent les mêmes risques pour l’environnement et la santé humaine.

Depuis 2002, les décharges devraient n’accueillir que des déchets dits«ultimes», mais le flou réglementaire entourant la définition de ce terme permet encore aux collectivités d’enfouir une majorité de déchets re-cyclables et compostables. Les déchets en mélange sont déversés et tassés dans des casiers isolés du sol par une membrane de plastique appelée géomembrane (protection active), reposant sur un substratum minéral imperméable, en général une couche argileuse (protection passive). Cette isolationne dure qu’un temps, et le jus toxique que produisent ensemble la décomposition des déchets organiques et le ruissellement des eaux de pluie, finit par s’infiltrer dans le sol, voire dans les nappes phréatiques avoisinantes. C’est également la décomposition des déchets organiques qui est responsable de la production de «biogaz», constitué en particulier de méthane, un gaz à fort pouvoir d’effet de serre. La loi oblige les exploitants à capter ce gaz, pour le brûler en torchère ou s’en servir comme combustible. Certain sont même décidé d’en faire un argument pour verdir leur image, passant sous silence qu’une partie de ce gaz s’échappe dans l’atmosphère et contribue ainsi activement au réchauffement climatique.


DÉCHETS[]

Le Code de l’environnement le définit officiellement comme « tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon ». Devenir un déchet est donc le destin de tout type d’objets ou de substances, des produits toxiques à nos épluchures de
légumes, d’un porte-avion à une bouteille d’eau. Un déchet est un « truc » dont le possesseur ne veut plus et dont il se débarrasse car il estime à un moment donné qu’il n’a plus d’utilité pour lui.

De l’économie informelle pratiquée par les chiffonniers du XIXe siècle à la mainmise des marchands d’eau français sur leur gestion (la Générale des eaux devenue Veolia, la Lyonnaise des eaux devenue Suez) au XXIe, les déchets des uns ont toujours fait l’objet de la convoitise des autres, jusqu’à devenir une source de profit immense à l’échelle planétaire. Mais le profit de quelques-uns est synonyme de grosses dépenses pour d’autres : en France, la seule gestion des déchets municipaux coûte plus de 7,4 milliards d’euros par an aux ménages. Toutes les activités liées à la gestion des déchets, classées dans les « éco-industries » (sic), ont pris le pas sur l’impérieuse nécessité de limiter leur production. Le slogan publicitaire de Veolia « Faire du déchet une ressource » n’est pas seulement un message de déresponsabilisation, il nous promet aussi un avenir radieux pour nos déchets : alors pourquoi chercher à les réduire ?

Ne dites plus: « Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit »,
dites: « Le meilleur déchet est celui qui se transforme en stock-options ».


DIOXINES[]

« Dioxines » est un terme générique qui regroupe une vaste famille d’hydrocarbures chlorés (mais il existe également d’autres types de dioxines, comme les dioxines bromées). Les dioxines font partie des molécules les plus dangereuses créées par l’Homme. Elles sont classées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le groupe des « douze salopards », une douzaine de produits chimiques dangereux qui sont des polluants organiques persistants et peuvent « provoquer des problèmes au niveau de la procréation, du développement, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers ».

Les dioxines se forment lors des processus de combustion, en particulier ceux utilisés dans l’industrie (incinération des déchets, métallurgie, fabrication de pesticides, etc.). Leur potentiel toxique très élevé est lié à leur particularité d’être très stables chimiquement et de pouvoir être facilement absorbées par les tissus adipeux : elles s’accumulent ainsi tout au long de la chaîne alimentaire et se concentrent dans ses derniers maillons, notamment le corps humain.

Les dioxines ont été rendues tragiquement célèbres par l’accident industriel de Seveso (Italie) en 1976. Dans le domaine des déchets, le scandale de l’incinérateur* de Gilly-sur-Isère a révélé au grand public au début des années 2000 le lien étroit entre incinération et dioxines : pourtant classées cancérigènes par l’OMS en 1997, les pouvoirs publics et les industriels avaient volontairement dissimulé et relativisé les impacts réels des dioxines, niant les effets de l’incinération sur les populations exposées.

Le durcissement des normes* de rejet ces dernières années a été abondamment utilisé par l’industrie de l’incinération pour se refaire une « virginité verte ». Même dans le respect des normes, les dioxines émises par les incinérateurs participent au « bruit de fond » environnemental et à la contamination de la population. Elles font ainsi partie du cocktail de perturbateurs endocriniens agissant à de très faibles doses et que les scientifiques suspectent de contribuer à l’explosion des maladies chroniques (cancers, diabète, obésité, etc.) de ces dernières décennies.


INCINÉRATEUR[]

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Acronyme couramment employé : UIOM (usine d’incinération d’ordures ménagères).

Un incinérateur est une usine de traitementfondée sur la combustion partielle des déchets en présence d’un excès d’air. D’un simple four auquel était adjointe une cheminée pour l’évacuation des fumées, on est passé à des constructions de plus en plus complexes. Désormais se côtoient, dans des usines imposantes et souvent new-look, différents systèmes de traitement et de contrôle des rejets progressivement rendus obligatoires par l’évolution des connaissances scientifiques et de la réglementation. Une fraction de l’énergie des déchets brûlés peut être utilisée dans certains cas pour produire de l’électricité ou de la chaleur (voir Valorisation énergétique).

Mais tout cela coûte cher, très cher. L’incinération est d’ailleurs le mode de traitement des déchets le plus onéreux – sans même prendre en compte ses « coûts cachés » (coûts sociaux, sanitaires et environnementaux) – et engage financièrement la collectivité qui en fait le choix sur au moins 40 ans (durée de vie de l’installation). La collectivité doit également supporter l’absence de flexibilité de l’incinérateur : ce véritable « aspirateur à déchets » doit être alimenté en continu et à capacité constante pendant toute la durée de sa vie. Le terme d’UIOM est impropre puisque les incinérateurs actuels, pour optimiser leurs fours souvent surdimentionnés, brûlent de plus en plus de déchets qui ne sont pas des ordures ménagères : déchets d’activités économiques, déchets de soin, etc.

Contrairement à l’idée reçue et savamment entretenue, ces déchets divers et variés (en volume, en composition et en toxicité) ne disparaissent pas dans l’incinérateur comme par magie. Le mythe du feu purificateur a vécu : il est mensonger d’affirmer que les rejets des incinérateurs se cantonnent à de la vapeur d’eau. La réduction miraculeuse en volume de nos déchets n’est en réalité qu’apparente car, ironie du sort, l’incinération de déchets initialement non toxiques dans leur vaste majorité, produit des déchets... toxiques et des fumées... tout aussi toxiques ! Pour reprendre la célèbre formule du père de la chimie moderne, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Lavoisier, 1789). Pour une tonne de déchets avalée par un incinérateur, celui-ci rejettera 6000 m3 de fumées contenant des polluants divers (dioxines*, furanes et métaux lourds, particules fines et ultrafines, etc.), environ 350 kg de résidus solides toxiques (mâchefers et résidus d’épuration des fumées ou REFIOM) et des effluents liquides (issus du traitement des fumées ou des mâchefers)

Ne dites plus: « Un incinérateur fait disparaître des déchets en mélange »,
Dites: « Un incinérateur produit des toxiques en mélange »


LES MACHEFERS[]

Les mâchefers sont les résidus solides recueillis à la base des fours d’incinérateurs à l’issue de la combustion des déchets. Ils sont composés majoritairement de cendres, de 5 à 10 % d’incombustibles divers (métaux ferreux et non ferreux, verre, etc.) et d’imbrûlés (certains papiers retrouvés dans les mâchefers sont encore lisibles).

Pour les incinérateurs de déchets non dangereux, l’acronyme MIOM pour « mâchefers d’incinération d’ordures ménagères » est souvent utilisé. Le terme est en réalité impropre puisque les incinérateurs classiques accueillent bien d’autres déchets que les seules ordures ménagères (boues, déchets industriels banals, déchets des hôpitaux, déchets dangereux diffus, etc.). À raison de 250 à 300 kg de mâchefers produits par tonne incinérée, ce sont près de trois millions de tonnes qui sont produites chaque année en France.

Négligeant les considérations environnementales, les exploitants d’usines se débarrassent à bon compte de leurs mâchefers auprès des entreprises de travaux publics après une phase dite de « maturation » – ces résidus constituant un matériau très peu coûteux utilisable en technique routière – quand ils ne les abandonnent pas purement et simplement dans la nature. Si les mâchefers étaient interdits d’utilisation en travaux publics, ils devraient être enfouis, augmentant de 15 à 20 % le coût de l’incinération, nouvelle illustration de la non-viabilité de ce procédé d’ores et déjà très onéreux pour les collectivités. L’ancienne réglementation très laxiste et obsolète était dénoncée de longue date par les associations qui avaient obtenu sa révision au moment du Grenelle de l’environnement. Le nouveau texte (l’arrêté ministériel du 18 novembre 2011), imparfait mais cependant contraignant, montrera peut-être l’impasse dans laquelle nous mène la volonté de continuer à utiliser les mâchefers, le talon d’Achille (un de plus) méconnu de l’incinération.


MÉTHANISATION[]

La méthanisation, aussi appelé « fermentation anaérobie », est une réaction qui se déroule spontanément dans la nature dans des lieux à concentration importante en matière organique et à l’abri de l’air. Au niveau industriel, ce procédé est principalement développé dans des unités de méthanisation de déchets (déchets agricoles, déchets de cuisine, déchets de jardin, etc.), où deux types principaux de produits sont obtenus : le biogaz et les résidus solides issus de la dégradation (les digestats).
Le biogaz est formé de méthane (CH4) combustible (50 à 80 %), de CO2 (20 à 50 %) et de quelques autres gaz à l’état de traces (jusqu’à 0,5 %). Capté, le biogaz issu de la méthanisation présente l’intérêt de produire une énergie renouvelable utilisable pour la production de chaleur, d’électricité et/ou de biocarburant : dans les usines de méthanisation, il est confiné en silo et entièrement utilisé. Le digestat peut servir à des fins agronomiques après une étape de compostage, à condition que les déchets entrants soient de bonne qualité.

'La bonne image de la méthanisation encourage les exploitants de décharges  à reverdir le blason de leurs installations, en les rebaptisant « écométhaniseurs » ou « bioréacteurs'». Mais, à l’inverse des unités de méthanisation, le biogaz des décharges ne peut pas être capté dans sa totalité : une partie se dégage dans l’atmosphère et contribue activement au réchauffement climatique (le méthane étant un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2). Et pour la part captée, celle-ci est souvent seulement brûlée en torchères (production de CO2), donc non valorisée en énergie. De plus, la part fermentescible des déchets ménagers n’y est pas transformée en compost.  Au contraire, elle se dégrade sur place, mélangée à tous les autres déchets ménagers, produisant ainsi un jus toxique appelé lixiviat (voir Décharge).


MULTINATIONALES DU DÉCHET[]

Une multinationale est une entreprise présente dans plusieurs pays par le biais de filiales dont elle détient tout ou partie du capital. Plusieurs des multinationales les mieux implantées sur le marché mondial des déchets sont françaises. Les mêmes détiennent la quasi-totalité des marchés de collecte et d’exploitation des incinérateurs et des décharges dans notre pays :

  •  Veolia, avec sa filiale Veolia propreté, est présente dans 36 pays, dont la France, via de multiples filiales.
  • Suez, avec ses filiales SITA et Novergie, est présente dans 15 pays, dont la France via ses antennes régionales et plusieurs filiales.
  • TIRU – filiale d’EDF (51 % du capital), Veolia et Suez – est présente en France, au Canada et en Angleterre.

Les trois quarts du marché de l’incinération de déchets non dangereux en France sont ainsi entre les mains de TIRU, Veolia et Suez – ces deux dernières se partageant également près de la moitié des décharges privées de déchets non dangereux. Cette situation oligopolistique s’est construite sur plusieurs décennies et a été éclaboussée par de nombreux scandales politico-financiers (surfacturation, pots de vin, etc.) : elle empêche toujours aujourd’hui l’émergence d’une concurrence saine dans le domaine des déchets et le développement des alternatives.

« Faire du déchet une ressource » (Veolia), « De la suite dans vos déchets » (Sita Suez), « Créateur d’énergie verte » (Tiru) : c’est avec ces slogans que les multinationales du déchet perpétuent aux yeux du grand public leur image de défenseurs de l’environnement et de chantres de l’innovation. Pourtant, alors même que tout le monde s’accorde sur le fait que « le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit », ces entreprises n’ont aucun intérêt à encourager la réduction à la source des déchets, puisque c’est justement le déchet produit puis traité... qui leur rapporte de l’or !
Les critères environnementaux ne pèsent pas lourds face aux critères de rentabilité économique : cet état de fait explique en partie le retard de la France dans la gestion de ses déchets. Décidement, l’écologie a ses raisons que les bénéfices des actionnaires ignorent... ou l’inverse.


LES REFIOM[]

Capture-11

Acronyme de « résidus d’épuration des fuméesd’incinération d’ordures ménagères ».


Les REFIOM sont issus de la neutralisation des gaz acides et toxiques de l’incinération des déchets, par des réactifs comme la chaux ou le bicarbonate de sodium. Ils contiennent également les cendres volantes captées lors de la filtration des fumées et les boues issues de la filtration des eaux de lavage des fumées.

Les REFIOM sont les grands oubliés du discours des partisans d’une incinération érigée en technologie « écologique » , productrice d’énergie « propre ». Pourtant, ils symbolisent bien l’aberration de l’incinération qui, à partir de déchets non dangereux, produit des déchets... dangereux. Les REFIOM sont en effet des sous-produits particulièrement toxiques, puisqu’ils concentrent une partie importante des polluants contenus dans les fumées (dioxines et furanes, métaux lourds, etc.). Pour une tonne de déchets non dangereux incinérée, ce sont environ 30 kg de REFIOM qui sont produits. Avec 30 % de ses déchets non dangereux qui partent en incinération, la France produit chaque année plus de 400 000 tonnes de REFIOM. Leur destination ? L’enfouissement en centre de stockage pour déchets dangereux ou dans les anciennes mines de sel alsaciennes et allemandes, où ils représentent une menace de pollution diffuse pour de longues décennies.
De quoi écailler encore un peu plus le vernis vert de l’incinération...


LE TRI MÉCANO-BIOLOGIQUE (tmB)[]

Le tri mécano-Biologique (tmB) s’applique aux ordures ménagères résiduelles et consiste en l’intrication étroite de plusieurs opérations qui visent à fractionner les déchets et à isoler progressivement certains éléments en tant que matériaux (métaux,plastiques*, verre, etc.), déchets fermentescibles ou déchets combustibles à fort pouvoir calorifique.

Ainsi, en fonction des politiques mises en place, les objectifs affichés(ou parfois cachés) peuvent varier (et se cumuler), allant de la stabilisation des déchets organiques avant enfouissement, à la transformation des déchets pour en faire des combustibles de substitution, en passant par la production de compost. En France, le TMB est surtout «vendu» comme un moyen de produire du compost. Or, non seulement cette pratique entraîne des effets dommageables sur l’environnement –notamment la dissémination dans nos sols de contaminants contenus dans les poubelles en mélange– mais il faut également constater l’échec retentissant de plusieurs usines, dont les difficultés d’exploitation et les surcoûts de traitement se multiplient. Il convient donc de remettre le TMB à sa place : loin de permettre la production «magique» d’un amendement agricole de qualité à partir de déchets mélangés, il constitue seulement un prétraitement qui ne permet en aucun cas de se passer de l’incinération ou du stockage des déchets en aval. Pour ajouter à la confusion, les collectivités qui défendent le TMB sont regroupées dans la «Fédération nationale des collectivités de compostage»(FNCC). La meilleure façon de produire du compost n’est pourtant pas le TMB,mais bien le compostage de biodéchets triés à la source, qui présente l ’avantage de limiter les risques de contaminations des déchets compostés. Alors vigilance quand un projet de méthanisation ou de compostage est annoncé, il peut cacher une usine de TMB.



LA VALORISATION ÉNERGÉTIQUE[]

Le terme de « valorisation énergétique des déchets » est généralement employé lorsqu’il y a récupération de l’énergie produite à l’issue du traitement des déchets (par opposition à la valorisation matière : recyclage*, compostage*, etc.). Il convient cependant de distinguer les traitements dont l’objectif premier est de produire de l’énergie, comme la méthanisation des déchets
organiques, de ceux dont ce n’est qu’un objectif secondaire et non obligatoire, comme la mise en décharge et l’incinération. Dans ce dernier cas, le terme de « valorisation » constitue avant tout une caution verte parfaitement artificielle.

Cette nouvelle sémantique a été développée par les industriels du déchet pour tenter de pallier la mauvaise image de l’incinération, à la suite des scandales de contamination à la dioxine de la fin des années 1990. Grâce à la « valorisation énergétique » de nos déchets, les pro-incinération ont tenté de se refaire une virginité verte, troquant l’appellation « incinérateur », connotée négativement, contre celle, positive et d’apparence écolo, de « centre de valorisation énergétique » ou d’« unité de valorisation énergétique ». Le procédé reste pourtant le même : incinérer des déchets en majorité compostables/méthanisables ou recyclables, mais avec une excuse supplémentaire, celle de produire de l’énergie. Grâce à leur travail de lobbying, les industriels de l’incinération ont même réussi à faire introduire dans la loi une distinction entre « valorisation énergétique » et « élimination » des déchets, créant ainsi un statut privilégié pour certaines installations qui font de la récupération de chaleur ou qui produisent de l’électricité. Ce statut leur permet de bénéficier de subventions et d’avantages fiscaux, qui permettent de limiter suffisamment le coût de ce traitement pour inciter fortement à son développement. Les pouvoirs publics, par le biais d’Éco-emballages*, soutiennent même financièrement la « valorisation énergétique des emballages* » plastiques* (sous-entendu leur incinération), malgré le bilan nettement plus positif de leur recyclage, écologiquement et économiquement.

Le leurre de la valorisation énergétique par incinération piège encore trop de collectivités : il est urgent de décider d’en sortir pour que les politiques de réduction à la source et de développement des traitements alternatifs prennent enfin leur envol.

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